Article sur Mouvement.net – MIMESIS et l’ouverture de la Biennale des Arts du mime et du geste :
http://mouvement.net/critiques/critiques/se-raconter-des-histoires
Compagnie des Grands Mâtins © Gilles Dantzer.
Critiques spectacle vivant
Se raconter des histoires
Jeudi dernier, à l’International Visual Theatre (IVT), la Biennale des arts du mime et du geste s’est ouverte avec Mimesis. Sept sketches de compagnies de mime se sont succédés. Ils ont célébré l’ « enfance de l’art » qu’est le mime, mâtiné d’espièglerie.
Par Alice Bourgeoispublié le 19 nov. 2015
-
VOIR LE SITE
Images, surprises, touches cocasses et légères nous attendaient dans la soirée du 13 novembre, avant qu’on apprenne ce qui se passait, ailleurs dans Paris. À travers des compagnies du monde entier – que ce soit de Vanves (Cie des Grands Mâtins), de Paris (Cies Hippocampe avec L’Île et Geneviève de Kermalon avec Sous ma peau), de Barcelone (la Cie Moveo), ou même du Japon (Cie Junko Murakami avec Origami Dancing) – ce qu’on appelle le mime (ou encore le théâtre visuel, le théâtre corporel…) s’est montré riche en trouvailles.
De tous les spectacles présentés, c’est sans doute Tu vas tomber de la compagnie Moveo qui s’est montré le plus attendrissant : comme on annonce le discours d’une intermittente, une jeune femme descend les escaliers pour accéder à la scène, puis, dans un grand fracas, s’effondre. Tout le monde s’émeut, surtout lorsqu’elle retombe, à peine remise sur pied. Alors la musique commence, un jeune homme la rattrape : le public comprend le subterfuge. Un duo amoureux les réunit. La jeune femme, évanescente, arborant un sourire malin et ravi, court partout, chute légèrement comme une plume avant d’être recueillie dans les bras de son aimé. Leurs portés aériens, leurs acrobaties, leurs roulades et leurs étreintes sont rythmés par une musique charmante qui rappelle René Aubry.
Tu vas tomber de la Compagnie Moveo. Photo : Gilles Dantzer.
L’élégante geisha, maîtresse en origami, de Junko Murakami s’indigne quant à elle de voir chacune des créatures qu’elle a conçues… prendre vie. Geneviève de Kermalon concocte à son tour une pièce tendrement coquine, en petite tenue, aguicheuse sous sa chevelure flamboyante, cachée sous un masque de lolita. Quel plaisir enfin de retrouver, grâce à la Compagnie des Grands Mâtins, Victor, l’enfant sauvage du Tarn (qu’aima aussi François Truffaut), que fit venir à Paris Lucien Bonaparte au début du XXe siècle. À travers une toile, on est bercé au creux de son monde imaginaire par son rêve de devenir oiseau.
Origami Dancing de la Compagnie Junko Murakami. Photo : Gilles Dantzer.
Monde de suggestion, de presque rien, de douceur et de délicatesse, sans violence ou gros effets, le mime, cet artisanat apparemment simple, requiert astuce, générosité et imagination. Il a ravi les yeux assoiffés d’enfance du public. Pendant un mois, à l’occasion de la première Biennale, différents endroits de France le mettent à l’honneur, grâce à des tables rondes, des cours, des portes ouvertes, des spectacles, des stages, prévus, à foison.
La Biennale des Arts du Mime et du Geste a lieu du 12 novembre au 16 décembre à Paris et différentes villes de France.